Le sommeil est le repos du corps mais l'Esprit n'a pas besoin de repos. Pendant que les sens sont engourdis, l'âme se dégage de la matière et jouit de ses facultés d'Esprit. C'est le retour de l'exilé dans sa véritable patrie, celle de l'Esprit… c'est le "prisonnier" momentanément rendu à la liberté… Le sommeil a été donné à l'Homme pour la réparation des forces organiques et pour celle des forces morales. Pendant que le corps récupère les éléments qu'il a perdus par l'activité de veille, l'Esprit va se retremper parmi les autres Esprits : il puise dans ce qu'il voit, dans ce qu'il entend et dans les conseils qu'on lui donne des idées qu'il retrouve au réveil à l'état d'intuition ; ne dit-on pas que la nuit porte conseil ? Et les êtres que l'on voit en rêve, ne sont-ils pas des apparitions pendant le sommeil ?
Mais il arrive, comme pour le prisonnier pervers, que l'Esprit ne met pas toujours à profit ce moment de liberté pour son avancement : s'il a de mauvais instincts, au lieu de chercher la compagnie des bons Esprits, il cherche celle de ses pareils et va visiter des lieux où il peut donner libre cours à ses penchants…
Que celui qui est pénétré de cette vérité élève sa pensée au moment où il sent les approches du sommeil ; qu'il fasse appel aux conseils des bons Esprits et de ceux dont la mémoire lui est chère afin qu'ils viennent se réunir à lui dans le court intervalle qui lui est accordé et au réveil, il se sentira plus de force contre le mal, plus de courage contre l'adversité.
Allan Kardec
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